Will you help us? - Ulric & Gwen

La situation est terriblement tendue. Depuis que Dame Morgane siège sur le trône, Guenièvre souffre un mal silencieux. La présence d’Arthur lui est difficile. Néanmoins, elle est parvenue à aller donner de la nourriture au roi Uther, une seule fois, question de s’assurer qu’il était toujours vivant. Bien qu’elle ne le porte pas particulièrement dans son coeur, elle voulait au moins s’assurer qu’il était toujours vivant, pour Arthur. Le pauvre s’est montré troublé, comme absent de sa propre tête. La terrible trahison qu’il a vécu, même elle ne lui souhaitait pas autant, même après qu’il ait fait exécuter son père.

Dame Morgane a perdue la tête. Plus le temps passe, plus elle a peur pour sa vie et sa position. Sir Agravain est, pour l’instant, son seul problème. Il n’a fait aucune allusion, ni aucune scène. Il n’a toujours pas mis en garde l’usurpatrice et sa soeur en garde contre elle, mais elle a l’impression qu’elle risque à voir du mal à le convaincre de son allégeance. Après tout, c’est sans doute le plus sujet à douter d’elle. Après tout, Morgane et Guenièvre ont toujours été proches avant, et Morgause n’en avait que faire d’elle.

Dans un soupir, Guenièvre rentrait chez elle ce soir-là, après avoir aidé Morgane à se mettre au lit. Au lieu de rentrer néanmoins, elle s’est dirigée vers la taverne dans un but bien précis. Il fallait qu’elle trouve cette personne spécifique qu’elle avait vu déjà deux fois désormais : La première fois à cette ferme hantée par cette créature, ce spectre de midi, et la deuxième dans la salle du trône, quand dame Morgane a prit le trône et craché au visage de tout le monde sa nouvelle place. Ce chasseur de sorcière était sans doute, pour l’instant, la meilleure personne avec qui elle peut s’allier. Il fallait donc qu’elle ait une discussion avec lui avant que Sir Agravain ne se pose trop de question à son sujet et ne décide de la faire suivre.

Dans la taverne, ce fut facile pour elle de passer inaperçue. Elle avait beau être la servante de la reine, elle n’était pas aussi loufoque que Merlin. Elle savait être invisible aux yeux de tous. Se mettant en retrait à quelque part, elle sonda l’endroit du regard, espérant voir le visage de l’homme qui les avait déjà aidé auparavant. Après tout, la taverne était l'endroit où elle avait le plus de chance de le trouver, non? Enfin... Quels nouveaux visiteurs ne passaient pas par ici ?

Une pluie fine s'était mise à tomber au moment de quitter la citadelle. Enveloppé dans son armure de chevalier de Camelot, Ulric avait suivis le flot des hommes d'armes à qui on avait daigné leur accorder un peu de repos. Sous le nouveau règne de l'Usurpatrice, il lui semblait que l'étau se resserrait chaque jour un peu plus autour d'eux, pour démasquer les traîtres et les comploteurs. Hélas, ces derniers étaient déjà à la tête du royaume de Cornouailles. Après tant d'années à parcourir les routes d'Albion, le chasseur de sorcières n'auraient jamais pensé se retrouver à faire face à pareille malaventure. Il y avait quelque chose d'assez inédit dans cette tragédie. L'empire romain aurait pu pâlir face à une pièce d'une telle ampleur. Hélas ils n'étaient plus vraiment là pour contempler le chaos qu'ils avaient laissé après leur départ de Britanie.

Capuchon sur la tête, Ulric s'était rendu à la taverne la plus proche en compagnie d'autres chevaliers, des vrais ceux là. Une fois rentré, la pluie s'était arrêtée, comme si elle avait voulu les narguer et les forcer à se couvrir la tête. L'homme n'en avait pas vraiment fait cas et à présent il se trouvait attablé avec une choppe d'hydromel devant lui. L'odeur du feu de cheminée qui brûlait dans l'âtre apportait un peu de réconfort alors même que l'endroit n'était plus aussi joyeux qu'auparavant. Les mines des clients étaient maussades. Par habitude néanmoins, il observait du coin de l’œil les personnes qui entraient et sortaient de la taverne. Jusqu'à ce qu'un visage attire son attention. Celui d'une jeune femme un peu en retrait du reste. Elle semblait chercher quelque chose ou quelqu'un. Son regard balayait la salle de la taverne avec un air légèrement inquiet.

Ce visage ne lui était nullement inconnu. Avant même de l'avoir déjà croisé au château, il en avait déjà fait la rencontre quelques temps auparavant dans un lieu bien loin de Camelot. Et quand bien même personne ne le lui avait dit, il savait que c'était une proche du prince Arthur. Tout du moins c'était ce qu'il en avait conclu de par sa présence dans une aventure qui n'était pas la sienne. A présent, les suppositions étaient bien plus ardu car il la savait aussi servante et dame de compagnie de Morgane. Alors envers qui était-elle véritablement loyale ? Pour l'heure, l'homme n'en savait trop rien, il n'avait pas assez d'informations à son propos, néanmoins, elle pouvait représenter une menace pour lui si elle venait à dire à sa maîtresse qui il était réellement… Pour l'heure, il se contentait de la surveiller de loin, ne sachant pas quelle était la raison de sa présence ici bas.

La seule chose qu’elle avait de mouillé étaient ses chaussures, mais c’était suffisant pour lui donner des frissons. La chaleur de la taverne était confortable et donc elle n’était pas pressée de partir. Scrutant les visages, Guenièvre remarque que plusieurs chevaliers sont sur place. Elle se surprend même de ne pas les avoir remarqué. La fatique de la journée, sans doute. Servir Morgane et Morgause n’était pas facile. À dire vrai, si Morgause était exigeante, Morgane l’était davantage. Il fut un temps où Morgane était beaucoup moins difficile, beaucoup moins… comme ces princesses exigeantes et horriblement gâtée dont elle se moquait.

Morgane avait changé, et Guenièvre savait qu’il n’y avait aucun retour possible. Ce qu’elle avait fait à ce royaume était complètement impardonnable. Vivant parmi le peuple, elle ne pouvait qu’entendre ce qui se disait dans la ville basse. Souvent, les gens baissaient le ton en la voyant arriver, et elle ne les blâmait pas. Ils ne pouvaient pas savoir que Guenièvre était de leur côté et essayait d’aider la cité, voire le royaume, à se débarrasser du fléau qui s’était abattu sur eux. Ils ne pouvaient pas savoir qu’elle avait déjà envoyé une lettre à Arthur pour le prévenir de ce qui se tramait ici. Ils ne pouvaient pas deviner qu’à tout moment, elle risquait sa vie en retournant travailler pour sa maîtresse, surtout sachant que sir Agravain semblait avoir des doutes sur sa loyauté.

Bref, Guenièvre remarqua la présence des chevaliers, des gens qu’elle croyait de confiance, mais dont elle ne pouvait s’empêcher de se méfier. Il n’y avait qu’une seule personne parmi eux qui attira son attention plus que les autres. Il se trouvait que c’était l’homme qu’elle cherchait. Enlevant sa capuche, elle regarde autour pour s’assurer qu’on ne porte pas trop attention à elle. Deux hommes la dévisagent, visiblement mécontent de la voir ici. « Tu n’as rien à faire ici Gwen. Tu devrais sortir d’ici. » Elle secoua la tête, visiblement mal à l’aise. « Je ne cherche pas d’ennuis, ni à en attirer à qui que ce soit. » Elle regarde en direction des chevaliers et croise le regard du chasseur de sorcière. Déguisé en chevalier, il ne peut être là pour servir loyalement Morgane. Non. C’est contre ce qu’il est et tout ce qu’il fait, non? « Elle regarde les deux hommes et sourit, embarrassée. Ils n’ont pas remarqué qui elle regardait. « Je vais juste m’asseoir là-bas, toute seule, et ne causer aucun ennui à personne. Passez une belle soirée messieurs. » Non, ça ne leur plaisait pas, mais pour l’instant, ils restèrent calmes. À nouveau, elle regarda le chasseur et l’invita du regard. Visiblement, elle avait besoin de s’entretenir avec lui, espérant seulement qu’il se souvenait d’elle depuis septembre. Elle alla donc s’asseoir à la table vide, complètement à l’opposé de là où les chevaliers se trouvaient, néanmoins face à eux pour pouvoir jeter un oeil sur eux. Non, elle n’était pas une très bonne espionne.

Les ennuis ne tardèrent pas à poindre pour la jeune femme, quelques chevaliers pensant eux aussi qu'elle était là pour servir d'yeux et d'oreilles pour sa maîtresse. Cependant elle semblait bien manquer d'aplomb pour quelqu'un qui travaillait pour la souveraine la plus antipathique d'Albion. Aussi, le flaire du chasseur de sorcière lui conseillait qu'elle n'était pas une espion à la solde de Morgane. Flaire qu'il avait toujours eu bon jusqu'à ce jour, il n'était donc pas de raison qu'il se trompe ce soir là. Ulric observait la scène du coin de l’œil. Après quoi, une fois qu'elle eut pris place, elle lança un regard qu'il ne manqua pas de croiser. C'était lui qu'elle était venu voir ? Quelques idées venaient à se dessiner dans l'esprit de l'homme mais il ne jugeait pas forcément bon de tirer des conclusions hâtive pour le moment. A n'en point douter pour l'heure, elle semblait être dans le camp du prince Arthur.

Ulric pris congé de ses camarades qui l'avaient accueillit comme un frère plutôt qu'à poser des questions. Le chevalier de Brycheiniog y avait veillé. Sur ses pas, il allait prendre place à la table de la jeune femme, veillant à rester dans un recoin mal éclairé pour ne pas leur attirer d'ennuis. Difficile de savoir s'il n'y avait pas d'oreilles indiscrètes comme lui qui aimaient à écouter les conversations des autres. Après un regard circulaire, il posa son attention sur la jeune femme, à croire qu'avec l'âge il finissait pas les attirer, mais en général et ça il l'avait bien compris, elle avait toujours une idée derrière la tête. Les chasseurs de sorcières avaient toujours plus suscité l'intérêt pour leur métier que pour leur personne, c'était une chose indéniable. Ainsi il passa outre les conseilles qui viseraient à lui dire qu'elle ne devrait pas être là, qu'elle n'était pas en sécurité. A en juger par sa posture, elle savait très bien qu'il était risqué pour elle d'être vu ici, pourtant le risque devait en valoir la chandelle.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il à voix basse pour être sûr qu'elle seule puisse l'entendre.

Il ne doutait pas que cela puisse avoir un quelconque rapport avec la situation dans laquelle se trouvait présentement Camelot. Hélas pour l'heure il ne voyait pas bien comment il pouvait être utile. Mais une servante devait savoir bien plus de chose que lui. Alors il attendit sa réponse afin de savoir quelle cause était bonne à défendre et de qui il fallait se méfier ici bas.

Quand la servante vit le faux chevalier se lever et s’excuser auprès des autres, elle détourna le regard et attendit. Ce dernier vint alors s’asseoir à sa table, aussi transparent qu’un serviteur au château. Il s’assura qu’ils n’étaient pas écoutés. Certes, c’était mieux, mais s’ils devaient l’être par des personnes qui étaient contre le joug de Morgane, Guenièvre doutait que ces personnes les dénoncerait. Morgane n’aurait rien à offrir de toute façon en récompense à un délateur.

Une fois son attention portée sur elle, elle tourna la tête, par réflexe, comme pour s’assurer qu’ils étaient tranquilles avant de le regarder quand il lui posa la question, à voix basse. « J’ignore si vous vous souvenez de moi. Nous nous sommes rencontré dans un village sur la frontière entre la Cornouailles et la Mercie. Vous nous avez aidé à nous débarrasser d’un spectre de midi. » Et dire que toute cette histoire était à l’origine de leur situation aujourd’hui, car si ce spectre n’avait pas été là, Arthur n’aurait jamais quitté pour s’occuper de Cenred, et Morgane serait toujours la simple pupille d’Uther.

Quoi qu’en réalité, au moins, ils allaient pouvoir se débarrasser de ce poison qui s’était répandu au coeur du château…

Évitant de mentionner qu’il est un chasseur de sorcière, Guenièvre décide de poursuivre. « Je vous ai vu dans la salle du trône, quand Dame Morgane a imposé sa dictature. J’ose croire que si vous avez infiltré la chevalerie, c’est pour nous aider? » Maintenant que c’était dit à voix haute, elle réalisait que sa question était tout simplement stupide. Il ne serait pas resté ici si l’histoire ne l’avait pas intéressée juste un peu.

Si le chasseur de sorcières ce souvenait d'elle ? Il croisait rarement des princes qui acceptait d'être accompagné par une servante pour s'en aller chasser le spectre de midi. Alors oui, Ulric se souvenait d'elle, pas dans les détails, mais son visage ne lui était pas étranger. Il se contenta de hoche la tête en guise de réponse pour lui signifier que oui. Les mots étaient parfois inutiles dans ce genre de situation, mieux valait en faire l'économie, après tout et ce malgré les précautions, ils n'étaient pas à l'abri d'être entendu.

Après quoi elle poursuivit. S'il avait infiltré la chevalerie pour les aider ? S'il l'avait fait c'était avant tout pour sauver sa peau au moment où les événements avaient eu lieu. Il était peut-être un combattant, mais il appréciait tout autant la vie. C'était par pur égoïsme qu'il avait pris l'armure de chevalier et cela avec l'aide d'un autre chevalier. Néanmoins, à présent qu'il était dans les murs de Camelot, l'idée de pouvoir mettre à terre une sorcière qui avait usurper le trône n'était pas pour lui déplaire. Après tout, il avait prêté serment de défendre Albion contre ces créatures fourbes, cela n'excluait pas de devoir sauver un royaume entier. Force était donc de reconnaître aujourd'hui que si Ulric était resté, c'était très certainement pour les aider. Mais aider qui ?

- Il y a d'autres personnes... à s'opposer à la reine ? demanda le chasseur toujours à voix basse.

Quand bien même les Cornouailles refusaient de voir Morgane sur le trône, peu de gens devaient avoir la force et le courage de lui tenir tête. Ulric ne doutait pas qu'il puisse y avoir quelques âmes belliqueuses qui voudraient en découdre avec le nouveau pouvoir, mais pour l'heure il valait mieux faire profile bas comme ils le faisaient actuellement. Encore qu'ici ils prenaient des risques. L'homme laissa son regard se balader sur les clients présents à la taverne. Certains avaient des mines bien moroses et pour une fois l'alcool ne parviendrait pas à chasser la gueule de bois que toute cette histoire avait causé.

Bien, au moins il se souvenait de moi. Je n’aurai donc pas à lui rappeler quoi que ce soit. Je doute en fait que je lui aurais rappelé quelconque événement. Le temps n’est pas aux souvenirs, hélas. Enfin, je lui demande alors s’il a infiltré la chevalerie pour nous aider et je réalise que ma question est totalement stupide. La réponse ne peut qu’être positive en fait. Certes, ce déguisement lui procurait sans doute une certaine sécurité, mais pas pour longtemps. Il allait avoir besoin de bien plus que l’uniforme pour infiltrer nos rangs sans se faire repérer.

À ma question, il me répond par une autre. Je regarde autour. Nous sommes aussi invisibles qu’une branche d’arbre dans une forêt, ce qui est parfait. Je repose donc mes yeux sur lui. « Nous sommes peu, je l’avoue, mais nous existons. J’ai trouvé certains alliés dans la ville basse, mais ce ne sera pas suffisant. J’essaie donc d’utiliser mon rang de servante pour trouver des alliés parmi la cour. Peu semblent enclin à s’opposer à elle, surtout par manque de pouvoir. »

Je reste réaliste. Cette rébellion sera difficile à mettre en place, mais quand Arthur reviendra, il aura besoin d’alliés au cœur de la cité, et je serai là pour l’attendre, quoi qu’il m’en coute. Enfin… J’ai beau essayer d’être brave, je reste terrorisée. « Je suis la servante de Dame Morgane. Vu la haine qu’on me porte dans les rues depuis qu’elle a usurpé le trône, il est évident que le peuple ne veut pas d’elle ici. Je pense que les seuls qui sont de son côtés sont ceux qui ont trop peur d’elle. Mais je suis persuadée que nos chevaliers sont tous loyaux envers le prince Arthur et le roi Uther. Le choix sera facile quand Arthur rentrera. »

Je n’ai aucun doute que nos forces militaires vont se ranger du côté d’Arthur une fois qu’il sera de retour. Le problème sera les forces militaires que Morgause a emmené avec elle de Mercie. « Quoi qu’il en soit, je suis votre alliée. Si vous avez besoin d’information, je peux vous aider. Mon frère est également le forgeron. Son nom est Elyan. Il pourra vous forger des armes si vous en avez besoin. Il est déjà au courant. »