Chronique n°1 - Le chant de la guerre

Las mes guenilles, voilà fort longtemps nous ne nous sommes point vu. Si bien qu'avez vous entendu les nouvelles qui courent de par la Belle Albion ? Nenni ? Je suis contrains alors, de vous conter les histoires que mes oreilles ont pu ouïr.

Aux gentes qui n'auraient point l'ouïe fine et la caboche bien faite, l'on a raconté que Camelot la Blanche se serait alliée aux peuples sauvages du Nord. Tremblez oui ! Car les pictes galopent déjà sur les terres du Sud. Mensonges dites-vous ? N'avez vous point senti l'hiver qui s'en ait venu sur ces contrées ? Diablerie que l'on dit là ! Or sur ma foi, le froid s'est emparé des champs et de nos lois. Car ils s'en vont chasser le soudard déserteur et le voleur sur le territoire du roi. S'il en ait bien un qui ne saurait enjamber les frontières de Cornouailles par ce temps, il se pourrait bien que ce soit Cenred le Sanguinaire. L'on raconte ça et là qu'il aurait vu son frère cadet se faire tuer par les nordiens durant une escapade enfantine. Alors retenez bien mes guenilles, que les vêpres venus, il ne vous faudra plus sortir sauf si vous souhaitez croiser les crocs du loup.

Bien malgré cette alliance, la belle Albion s'est vu affronter moultes malaventures¹ en ses royaumes. La première et pas la moindre, voulait que quelques compagnons d'infortune convoient ensemble en l'une des cités des terres du Kent. Point d'ombrage à l'horizon, tandis qu'ils pietonnaient paisiblement sur la voie royale. Or par la nuitée un fol dingo² s'en vint sans respit pour jacter quelques batelages³ sans bien grand sens. Pour sûr je m'en vais vous bailler⁴ qu'il s'agissait sans certitude d'une prophétie. Mille fois hélas nos compagnons n'en eurent cure tant et si bien que le fol s'en retourna prestement au silence.

S'il n'en était que cela, car dans l'ombre les sorceresses⁵ étaient à l'ouvrage et le mal bien présent. Tandis que l'on contait déjà les récits d'aventures, la mortaille⁶ s'en était venue frapper à la frontière des Cornouailles. La pauvre menuaille⁷ devait affronter la colère des mânes⁸ qu'avaient provoquer les coqueberts⁹ qui servaient l'armée de Cenred. Avec l'aide d'un chasseur de sorcières, le prince héritier de Camelot parvint à faire toute la lumière. Le roi Uther s'en trouva conchis¹⁰ d'odir la terrible vérité. La Mercie avait trahis violentement le traité de paix entre les deux royaumes. Il n'était plus temps de fermer les yeux sur les exactions du Sanguinaire. Sur les conseilles de la princesse de Calédonie, levant l'Ost pour détourner l'attention, Pendragon fit convoyer son fils Arthur en puissante compagnie pour s'en aller prendre le castel du roi ennemi. La bastaille fut courte et peu de sang fut versé cette nuitée là, mais Cenred était vaincu.

Las pauvre fol, cela était sans compter sur la malice des sœurs de Tintagel qui prirent à leur tour le castel de Camelot. Il était autant de vainqueurs que de perdants au jour d'hui. Sans respit, le prince Arthur s'en est allé quérir de nouveaux alliés dans l'espoir de pouvoir reprendre son castel et son royaume. Tandis que sa sœur l'usurpatrice, dont la bouche est replis de balivernes et de batelages, s'empresse de renforcer son pouvoir pour offrir aux mages la place d'exercer à nouveau leurs charmognes¹¹ et leurs charmements¹² en toute liberté.

Voilà ce qu'il vous faut savoir mes guenilles, Albion tremble à présent de ne savoir ce qu'il adviendra d'elle. Il n'est point à oublier que la trahison a bonne place sur ces terres et que nul n'en est à l'abri.