[WAR] Chant de guerre [terminé]

Appuyée au rempart, les cheveux cachés sous ma capuche, j’attend le moindre signe, la moindre action. Si cette pluie incessante me gâche le moral, le manque d’action est pire. Il y a quelques jours, j’étais ici-même avec Dhvorak à mes côtés, et on faisait exactement la même chose, c’est-à-dire rien du tout. L’action ne manquait pas dans les tavernes ou dans l’enceinte même du château, entre les soldats. Mais ça devenait vite lassant.

En attendant l’action, je suis allée à la pêche aux ragots. L’homme qui avait quitté la citadelle étant parti depuis quelques jours, j’ai finalement pu apprendre qu’il s’agissait bel et bien d’un éclaireur. Apparemment, la rumeur d’une guerre courait. Quand Dhvorak me demande si j’ai quoi que ce soit à signaler, j’hoche la tête avec un léger sourire en coin. « Les hommes de Cenred ne savent pas tenir leur langue. La rumeur court que le prince Pendragon a quitté Camelot avec une armée. L’homme qui est parti il y a quelques jours est parti valider l’information. » Je me redresse un peu et m’étire, démontrant mon ennui tandis que la pluie coule sur ma robe. « Ça nous ferait peut-être un peu de bien un peu d’action. »

Alors que j'observais l'horizon, quelque chose vint à attirer mon attention. Des bruits de pas plus loin, des voix aussi. Ils étaient braillards, à n'en point douter il ne s'agissait pas de chasseur ou des paysans. Les guerriers pictes qui nous escortaient s'étaient déjà mis en position pour mener l'embuscade, aussi vifs et rapides que des chiens de chasse. Mes hommes eux, méfiants, hésitaient à faire de même mais attendaient mon ordre. Voulant garder l'avantage, je tirais mon épée pour leur faire signe de suivre le mouvement. Il fallait leur tomber dessus avant que ce ne soit l'inverse. Eviter surtout qu'ils ne voient notre campement. Si j'avais raison et qu'il s'agissait de voyous, peu de choix s'imposaient à moi pour éliminer cette menace. Je n'aimais pas l'idée, mais il fallait le faire pour que notre plan se déroule sans accroche.

Lames au clair, nous avancions en essayant de faire le moins de bruit possible malgré les armures, mais je savais que cela n'allaient pas durer. Je devais réfléchir, vite. Je lançais un regard à Merlin pour voir où il se trouvait, je n'étais pas bien certain de vouloir le mêler à ça, je voulais le voir en retrait pour ne pas assister à ça. Il savait quel homme j'étais habituellement, mais les préoccupations de la guerre faisaient qu'il me fallait agir différemment. Un des pictes, arc à la main, me fit signe d'approcher. De là où il était, je pouvais voir les gueulards qui nous cassaient les oreilles. C'était ce que je pensais, je lui fis signe d'encocher une flèche, nous n'avions pas une minute à perdre. Sitôt le trait s'envola dans la gorge d'un voyou qui ne laissait échapper un glougloutement étouffés par le sang.

Comme un seul homme, profitant de la surprise, nous étions sortis des fourrés qui nous cachaient encore. Nul besoin de pousser des cris de guerre, le simple chant des lames suffit à faire le travail. Les bandits n'eurent pas le temps de hurler, d'appeler à l'aide. Et si il y en avait d'autres ? Nous devions aller voir. Un petit chemin serpentait à travers le bois et d'autres voix semblaient s'élever plus loin. Ils auraient tôt fait de se rendre qu'ils en manquaient. La vie des paysans ne s'en porterait-elle pas mieux si quelques bandits de plus venaient à disparaître ? Il n'y avait pas à tergiverser, il fallait finir le travail plutôt que de lever le camp. Parce que si on retrouvait les corps, on risquait de se mettre à notre poursuite et ça... C'était hors de question, il fallait suivre le plan.

Profitant ainsi de l'effet de surprise qui jouait en notre faveur, j'avançais avec mes hommes et les pictes sur le sentier. Bientôt je vis des tentes dépasser des broussailles et buissons. Mais ce fut un cage qui attira mon attention, à l'intérieur un homme...

- Gauvain ? murmurai-je.

Si Merlin avait fait quelques pas vers l’arrière, il en fit plus vers l’avant en voyant son maître avancer. Il n’était pas question de le laisser partir sans lui, comme dans n’importe quelle bataille d’ailleurs. Bien que la picte soit là, Merlin préférait être là pour le protéger. C’était son destin à lui après tout. Pas celui d’un autre. Du coup, il se fit le plus silencieux possible, comme il avait appris dans les aventures précédentes, et avait suivit le prince. Rapidement, ils rencontrèrent des bandits qui ne gardèrent pas la vie longtemps. Le temps n’était pas à la réflexion, hors, le valet ne questionna pas les ordres d’Arthur. Il ne fit que suivre.

Les quelques cadavres gisant sur le sol, Merlin jeta le regard sur chacun d’un, comme pour s’assurer qu’ils étaient bien morts, qu’ils ne respiraient plus. C’était un simple réflexe, plus qu’un manque de confiance envers leurs tueurs. Le souvenir de sa quête avec les pictes lui revint à l’esprit, songeant que n’importe quelle bataille allait sans doute lui rappeler cet épisode sanglant. Malgré lui, il chercha la princesse du regard, sans la trouver, quand finalement d’autres voix s’élevèrent dans ce nouveau silence. Levant les yeux vers l’endroit d’où elles venaient, Merlin remarqua aussi le petit sentier qui semblait mener vers eux.

Arthur ouvrit la marche sur le sentier. Sir Léon le secondant, Merlin suivait juste derrière eux. Quand ils aperçurent des tentes, Merlin se dit que leur nombre ne devait pas être en bas de 5 ou 6. Les hommes d’Arthur et les pictes étaient bien assez nombreux. Par contre, Merlin n’avait pas pensé devoir secourir un prisonnier. Quand le prince murmura le nom de leur ami, Merlin regarda le prisonnier. Rapidement, il regarda autour, essayant d’analyser la situation. Évidemment, ils allaient le sortir de là. Malgré leur mission importante, il était simplement impossible qu’Arthur décide de le laisser là. Néanmoins, ils avaient besoin de la clé pour ouvrir la cage. Impossible de l’en libérer sans. Le risque qu’on remarque qu’il utilise la magie était bien trop grand, et c’était loin d’être le moment pour ça.

Merlin pu repérer quelques bandits ici et là. Vite comme ça, et vu la distance à laquelle il se trouvait, il ne pouvait pas voir si l’un d’eux avaient des clés. Subtilement, pendant que tout le monde se concentrait à analyser la situation, Merlin utilisa la magie pour augmenter la portée de sa vue. Il pu ainsi repérer la personne qui avait les clés. Doucement, il le pointa à Arthur. « C’est lui qui a la clé de la cage » murmura-t-il aussi. Ceci dit, il attendit les ordres du prince, au cas où il aurait un plan.

Gauvain était certain d'un chose, il était épuisé. Il donnerait... Il ne donnerait rien, parce qu'à présent il n'avait même plus une épée, mais qu'est-ce qu'il donner pour avoir un bon lit ! Cette cage était inconfortable au possible, sans compter que son dernier repas commençait à dater maintenant. L'estomac vide, la fatigue au corps, il se demandait bien ce qu'il pouvait attendre ici bas. Après la mort, cela allait de soi. Il essayait de piquer du nez tant bien que mal, mais impossible, il était beaucoup trop inconfortable pour ça. Or donc, pas question de sieste salvatrice. Tant pis. Oui, il n'était pas vraiment enclin à tergiverser maintenant que le manque de sommeil se faisait sentir.

Néanmoins, une voix familière vint à le sortir de la contemplation de ses bottes. Relevant la tête, il cherchait à voir s'il n'avait pas eu une hallucination. A droite, à gauche. Rien. Il lança un regard vers les brigands qui somnolaient un peu plus loin. Il reporta son attention sur l’orée des la forêt et là... là il les vit. Arthur, Merlin et d'autres chevaliers de Camelot. Que diable faisaient-ils ici, aussi loin de leur royaume ? Gauvain resta silencieux, sachant qu'il était préférable qu'il ne révèle pas leur présence. Aussitôt il détourna le regard, semblant soudainement très intéresser par la contemplation de la toile de tente non loin de lui. Il serait bientôt libre. Du moins son envie de vivre battait à nouveau, ce n'était qu'une question de temps. Et puis dans sa cage, il était bien à l'abri des coups d'épées... Enfin seulement si personne ne frappait d'estoc à travers les barreaux... Personne n'irait faire ça n'est-ce ? Non, c'était complètement stupide.

Athala avait beaucoup vadrouillé, faisant de nombreux aller-retour entre la troupe et le reste. Certains auraient appelé ça de la chance, mais la picte connaissait bien trop les chemins qui sillonnaient la Mercie. Mais ce qu'on aurait appelé de la chance n'en était pas. Les calédoniens avaient arpenté Albion en long en large et en travers, à surveiller les moindre mouvement de troupes de leurs voisins et de leurs ennemis. Ils connaissaient les forces et les faiblesses de chaque royaume de l'île, alors il était évident que la princesse emprunte des chemins de traverses connus de peu de monde.

Elle revenait une énième fois auprès du prince et de ses hommes mais ceux-ci n'étaient pas vraiment à l'endroit escompté. Sautant de scelle, elle remonta la piste des pas sur le sol avant de trouver les premiers cadavres. Suivant le même sentier sinueux elle ne tarda pas à pointer le bout de son nez au côté de la petite troupe. Là, devant eux, un camp de bandits. Une étincelle brilla dans ses yeux. Elle savait déjà quoi faire et ne comprenait pas ce que les autres attendaient. Alors elle entendit le murmure de Merlin qui indiquait qui possédait la clé. La clé ? Athala porta son regard sur le camp plus en détail avant de remarquer une cage. Elle nota ensuite celui qui s'y trouvait... Elle avait déjà vu cet homme, elle l'avait déjà épargné aussi. C'était curieux de le retrouver ici bas dans une fâcheuse posture. Enfin, là n'était pas la question, les choses étaient ainsi faite, leurs chemins devaient se croiser à nouveau.

La guerrière lança un regard au prince avant de sortir sa dague. Le plan était simple, progresser silencieusement en égorgeant les brigands au fur et à mesure. C'était incisif, mais au moins ça évitant le chaos d'un combat frontale. Arthur acquiesça, mais dans son regard elle voyait bien qu'il avait déjà l'esprit à la guerre et au sang. Elle allait lui épargner ce tracas. Les hommes d'Athala avaient eux aussi compris la marche à suivre. Lentement, ils sortaient des fourrés, s'approchant à pas de loup le long des toiles de tante. Elle attrapa le premier par le col si vite qu'il n'eut pas le temps de pousser un cri de surprise, la gorge aussitôt tranchée. Elle retint le corps pour le laisser tomber doucement, sans faire de bruit.

Il n'y avait pas de temps à perdre, ce n'était plus le moment. Je n'avais qu'une idée en tête, sortir Gauvain de là. Ce dernier nous avait finalement remarquer avant de faire comme si de rien n'était. Au vu de la situation, c'était le mieux à faire. Et j'espérai bien continuer à faire au mieux. Merlin avait déjà repéré l'homme qui détenait les clés permettant d'ouvrir la cage ce notre ami. Athala ne tarda pas à le frapper de sa dague, proprement, sans cri. Si l'on pouvait dire d'un meurtre qu'il pouvait être propre... Les pictes continuaient de progresser dans le camp, éliminant un à un les renégats. La princesse revint vers nous pour me donner la clé avant de disparaître à nouveau. Bientôt il me semblait qu'en dehors de nous, il n'y avait plus âme qui vive. C'était glaçant. Moi qui pensait que nous allions menez grand combat pour défendre et libérer notre ami. Parfois il était préférable d'agir dans le plus grand des silences. Ce dernier avait pris lieu et place sur l'endroit une fois le dernier homme tombé. Je ne tardais donc pas à aller au devant de Gauvain, insérant la clé dans la serrure pour enfin le sortir de sa cage.

- Mon ami, tu ne sais pas dans quelle aventure tu t'engages, lui dis-je avant de faire signe à toute la troupe de repartir en direction de notre camp de fortune.

Au moins à présent, il n'y aurait personne pour nous donner la chasse et personne n'irait pleurer ces voleurs. J'éprouvais pourtant une certaine anxiété, cette façon de faire n'était pas la notre. Il n'était pourtant pas question de se demander s'il était bien ou mal d'agir ainsi, la chose était à présent faite. Nous étions de retour à notre camp avec une été de plus pour nous aider. Bientôt nous serions à Northampton.

Personne ne sembla se poser de question sur comment il avait pu repérer aussi facilement la clé de la prison de leur ami, ce qui était tant mieux. Merlin attendit alors les ordres de son maître, ordres qui ne vinrent pas vraiment. C’est la princesse qui agit immédiatement en lançant sa dague vers celui qui détenait les clés. Rapidement, les pictes se sont dispersés tandis qu’Arthur et ses hommes ne bougèrent pas. Ils n’en auraient même pas eu le temps. Décidément, le magicien ne pourrait jamais s’habituer à leur façon de faire. Athala vint donner la clé de la cage à Arthur qui s’occupa de délivrer leur ami. Il n’y avait plus qu’eux qui vive sur le camp désormais, c’est pourquoi Merlin se redressa.

Regardant Gauvain revenir vers eux avec Arthur, Merlin se demanda alors si Gauvain s’était fait capturé en essayant de les rejoindre. Après tout, ils avaient bien correspondus ensemble, et Merlin avait mentionné cette guerre en approche. Peut-être avait-il décidé de se joindre à eux ? Quoi qu’il en soit, maintenant, il était l’un des leurs. Merlin lui sourit et lui fit un hochement de tête pour le saluer. De retour au camp, il cuisina et mangea avec les autres. Le lendemain matin, ils reprirent la route. Il ne leur restait plus beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à destination. Les pictes avaient probablement fait certain que la route ne leur serait pas barrée. Il ne restait plus qu’à attendre d’être arrivé pour exécuter les plans d’Arthur, quels qu’ils soient.

J’ai l’impression de tourner en rond tel un animal en cage, alors qu’en réalité, la seule chose qui me retient ici, c’est l’or que j’ai à gagné une fois ma mission terminée. J’en ai assez d’attendre le prince Pendragon. Sa guerre n’est pas la mienne après tout. Je ferai sans doute une scène si la paie n’est pas ce qu’on nous avait promis. Bref, c’est en traînant les talons que j’allais retourner à la chambre où je logeais quand Dhvorak me rattrapa. Dès que j’ai posé les yeux sur lui, j’ai affiché un sourire. J’ai tout de suite deviné. L’action commençait donc. « Pas trop tôt » affirmais-je à voix basse pour moi-même, alors que je me mettais en route.

Sur ce, Dhvorak et moi nous nous rendons à l’écurie pour récupérer le nécessaire que nous avons récupérer pour l’opération. Suite à cela, nous retournons sur le rempart où Dhvorak se tenait avant de venir me chercher. La voie était libre. Nous attachons les cordes puis mon compagnon lance le signal à nos alliés. De mon côté, je m’assure que nous ne sommes pas vus. Quand les hommes d’Arthur commencent à monter, nous les aidons au mieux, mais je reste sur mes gardes.

Le jour avait fini par laisser place à la nuit. Nous avions attendu le moment propice, quand la plus part des âmes de cette cité s'étaient endormies à poings fermés. Ne restait plus que l'horizon que le scintillement des torches qui illuminaient faiblement les ténèbres. Vint enfin le moment tant attendu. Une flèche à l’empennage rouge fut décochée non loin d'une silhouette qui tenait la garde sur le chemin de ronde de la citadelle. Comme prévu, il s'agissait de l'un des mercenaires qui servaient nos plans. La silhouette disparue rapidement avant de réapparaître un temps plus tard pour lancer une corde le long du rempart qui surplombait la ville basse de Northampton. Ils étaient deux à guetter les agissement des gardes dans l'enceinte tandis que déjà, une ombre venait escalader le rempart avec rapidité. Le premier picte posa le pied sur le chemin de ronde et les autres suivirent. Ceux qui comme moi étaient en armure devait attendre que les infiltrés ouvre la porte principale qui devait nous mener tout droit dans la forteresse. Il nous faudrait alors encore un peu de patience. Nous avions abandonné les chevaux non loin de là, au besoin, si le plan était un échec et qu'il nous fallait filer rapidement. Pour

Pour l'heure, nous attendions dans l'ombre, écoutant le silence de la nuit pour tenter de percevoir quelque chose en provenance du château. Mais le silence régnait en maître. En mon fort intérieur, j'étais content de pouvoir compter sur la présence de Merlin et de Gauvain à mes côtés. A n'en pas douter, nous étions là dans une façon de faire la guerre qui m'était inconnue et dont les chances de réussite n'était pas certaines tant qu'on avait pas essayé. Je n'oubliais pas pour autant l'affront de la Mercie qui avait permis à ses hommes de venir sur nos terres et tuer mon peuple. Mon père avait décidé de sévir et de montrer que Camelot ne permettrait pas à Cenred de continuer à effrayer les autres royaumes d'Albion. Même si quelque part, je me demandais si cela ne faisait pas plusieurs années qu'il attendait un faux pas de la part du Roi de la Mercie... Là soudain, alors que nous étions toujours tapis dans les ténèbres, un cliquetis métallique et caractéristique d'une herse que l'on remonte. les portes principales s'ouvrir lentement. Nous pouvions enfin entrer dans la cour basse. Alors que je m'engageais le premier, je découvris les mercenaires sarmates et les pictes qui avaient aidé à prendre ce premier point stratégique. Sur le sol pavé, des corps sans vie. D'un signe de tête, je les remerciais avant de continuer à avancer. Pour l'heure, il y avait toujours un roi à la tête de ce royaume...

La flèche envoyée sur le rempart me sert de signal aussi. Sans être vu par les autres, j’utilise la magie pour augmenter la portée de ma vision, simplement pour me confirmer que c’est bel et bien l’un de ces mercenaires sarmates qui se tient sur le rempart, et non un ennemi qui ira chercher du renfort, ou sonner le tocsin. Quand je confirme à moi-même la présence du mercenaire, j’attends comme les autres que les cordes soient lancées dans le vide.

Chose faite, quelques pictes montent le long des cordes. Le moment est venu pour nous d’attendre donc, dans l’ombre, que la porte principale s’ouvre pour nous laisser pénétrer dans la citadelle. Gauvain, Arthur et moi sommes là, tous les trois, en train d’attendre ensemble. Courage, Force et Magie, comme on nous avait appelé autrefois. Je dois admettre qu’avec ces deux-là, je me sens confiant. Épée en main, même si je ne suis pas un maître en maniement d’épée, je suis Arthur quand la porte s’ouvre, soulagé de ne pas avoir une mauvaise surprise.

Les deux sarmates nous attendent avec les pictes, au milieu des cadavres qu’ils ont tués dans le silence des plus total. Je préfère ne pas m’y attarder et me concentrer sur la prochaine tâche. Arthur remercie, toujours en silence, ceux qui nous ont fait entrer et je le suis ensuite tandis que nous entrons furtivement plus profondément dans la basse cour avec nos nouveau compagnons. C’est non sans faire couler le sang davantage qu’on parvient à se rendre au château. Le plus difficile reste à faire : se rendre jusqu’à Cenred et prendre le contrôle de son château et du coup, de la Mercie.

Athala avait suivis le mouvement, s'introduisant dans la forteresse avec le reste de la troupe. Le plan avait relativement bien marché jusqu'à présent. La picte avait conscience que ce n'était pas conventionnelle, mais à la guerre on respectait rarement les règles, c'était un conflit qui avait bien plus de conséquence que des morts sur un champ de bataille. Sans doute s'agissait-il de la conquête la plus rapide de cette île à ce jour. Tout restait encore à faire.

Ils se faufilèrent dans les entrailles de la citadelle, à la recherche du roi de la Mercie. Il était leur seule et unique cible cette nuit là. Le groupe se dispersa bien vite, fouillant chaque pièce à la recherche du tyran de ce royaume. La guerrière s'aventura plus haut dans les étages avec deux autres pictes avec elle. Bien vite, elle compris qu'ils étaient sur la bonne piste, ils ne tombaient que sur des chambres mais l'une d'elle était particulière... Deux hommes étaient postés à l'entrée. Après observation, ils convinrent d'un plan d'action. Deux flèches furent décochées presque en même temps, fendant l'air avant de frappe le premier soldat à la tête et le second au torse. Sous l'effet de l'impact, ils furent poussés contre le mur derrière eux, se laissant glisser lentement. On entendant que le bruit de leur amure frotter contre la pierre. La voie était libre.

Les trois pictes entrèrent dans la chambre du roi qui dormait paisiblement, du moins aussi paisiblement que cela pouvait être possible pour ce genre de personnage. Athala s'approcha lentement du lit, le contourna pour se positionné à côté de Cenred. L'homme continuait de dormir. Là, lentement, elle fit glisser la lame de sa lance contre la peau de sa gorge. Le réveil fut presque immédiat, mais il ne pouvait pas voir le visage de la picte qui lui faisait face.

- Bouge et tu es mort, murmura Athala avec son accent du nord.

Ils avaient fouillé le château mais c'était finalement Athala et deux de ses hommes qui étaient parvenus à trouver Cenred. Celui-ci avait été traîné hors de sa chambre, relativement hagard après après avoir reçu un coup à la tête. Un léger file de sang avait perlé le long de sa tempe jusqu'à glisser sur sa joue. Pourtant, lorsque revient à lui son regard se porta sur la cour puis sur moi. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire... Nous étions arrivés trop tard ? Bien au contraire, le plan avait marché à la perfection, il avait été vaincu sans savoir à mener une guerre sanglante entre nos deux royaumes. Mais sitôt qu'il remarqua les pictes, il se mit à paniquer d'une façon que je n'aurais jamais soupçonner. Je voyais la peur dans son regard, une terreur presque instinctive, animale. Faisant fi de ce comportement étrange, je m'approchais de lui pour lui saisir la mâchoire et le forcer à me regarder.

- De quoi parles-tu, lui demandais-je en le fixant droit dans ses prunelles effrayées. Parles où je te confie aux pictes.

Il me fallait jouer sur cette peur pour parvenir à lui faire cracher ce qu'il savait. Sous ma main, je sentais sa mâchoire se crisper. Il avait peur. Pourtant... Pourtant quelque chose en lui continuait de se battre, sa suffisance ne parvenait à le quitter quand bien même il faisait face à un ennemi qui avait l'ascendant sur lui. Un sourire s'esquissa lentement, se tordant entre le rire malveillant et le rire nerveux.

- Dame Morgause est parti il y a quelques jours de ça, emportant avec elle la moitié de mon armée pour marcher sur Camelot.

Là, il cracha par terre en signe de mépris. Je n'aurais su dire qui la panique ou de la colère s'était emparé de moi. Néanmoins, je me retenais de le frapper dans la bouche avec le pommeau de mon épée. Si je faisais cela, je ne valais pas mieux que lui. Se fut Athala la première à agir comme pour le rappeler à l'ordre, lui assénant un coup à l'arrière de la tête pour rappeler sa présence à Cenred. Ce dernier se crispa de nouveau. Un des pictes lui mis alors un couteau sous la gorge. Une étrange satisfaction naquis en moi en voyant cela, en voyant que je n'avais pas besoin de me salir les mains, qu'on le ferait pour moi. Il y avait quelque chose de grisant à voir les autres agir comme on le voudrait sans savoir à prononcer un mot. Je comprenais un peu mieux la princesse Calédonienne.

Malgré tout, l'information qu'il venait de nous offrir n'était pas pour me plaire. L'armée de Camelot arriverait dans un peu moins d'une semaine. Nous n'avions croisé aucun autre armée et la princesse ne nous avait pas signaler de mouvement ennemi sur le chemin. Quelqu'un à Camelot avait informé Morgause de ce que nous contions faire... Ou tout du moins l'avait prévenu qu'il se tramait quelque chose alors que notre armée n'était pas encore prête à se mettre en branle au moment de notre départ. Bon sang, l'ennemi était partout...

Près d’Arthur et Gauvain, Merlin arpentait le château à la recherche de son monarque. Il n’aimait pas cette procédure de guerre, il fallait l’admettre. Pourtant, être silencieux et ne pas se faire remarquer lui semblait être une chose facile. À vrai dire, il commençait à avoir l’habitude, à force de suivre Morgane et garder ces secrets au sein de Camelot. La discrétion était, malgré son apparente idiotie la majeure partie du temps, devenue son quotidien. Bref, quand ils apprirent que Cenred avait été capturé par Athala, ils se rendirent à la cour du château.

Au milieu des cadavres, ils ont attendus la venue du roi qui avait été visiblement assommé par la princesse. Quand Cenred posa les yeux sur Arthur, il sourit mesquinement et lui avoua alors être arrivé trop tard… Merlin fronça alors les sourcils, se tenant en retrait d’Arthur, près de Gauvain. Se pourrait-il que…

Arthur se posa des questions. Évidemment, il ne comprenait pas. Il ne savait pas quelle traîtresse se tenait entre les murs de Camelot. Il soutira donc l’information à Cenred. Morgause avait été prévenue de notre départ et en avait profité pour partir avec la moitié de son armée pour marcher sur Camelot. Le visage de Merlin pâli quelque peu. Ses pensées se dirigèrent immédiatement sur le danger que couraient Gaius et Guenièvre, ses deux amis qu’il avait laissé derrière. « Morgane… » Plusieurs visages se tournèrent vers lui et, voyant le regard du valet, ils pouvaient deviner qu’il savait quelque chose. Il leva donc les yeux vers son maître. « Sire, c’est Dame Morgane. Gaius et moi avions des doutes, mais vu notre position, nous ne pouvions porter aucune accusation. Je suis pourtant sûr de moi. C’est elle qui a, sans l’ombre d’un doute, prévenu Morgause. C'est elle qui vous a trahi. » Merlin meurt alors d’envie de tout lui déballer d’un coup. Il veut lui dire que Morgane est sa soeur mais aussi celle de Morgause, qu’elle utilise la magie, qu’elle projette probablement de prendre la couronne et sans doute se débarrasser d’Uther. Il ne le fait pas pourtant. Là, dans la cour du château, c’est une mauvaise idée, devant tout le monde. C’est aussi une mauvaise idée de lui déballer tout d’un coup. L’idée que Morgane soit une traîtresse doit déjà être un gros morceau à digérer. « Arthur, Camelot est en danger. » Égoïstement, Merlin pense surtout à ses amis. Guenièvre et Gaius, Elyan, Vivianne… qu’adviendra-t-il d’eux ?