How to save a life Pv Gauvain

Quelle histoire mes amis ! Quelle histoire...  Si Gauvain avait su que le jour où il s'était retrouvé en cage dans ce camp de bandits il allait finir par participer à l'assaut d'une citadelle, il ne l'aurait tout simplement jamais cru. La raison ? Parce que malgré toutes les aventures qu'il avait déjà vécu, celle-ci était de loin la plus incroyable et la plus triste aussi. Car à présent deux cités étaient tombées, deux sœurs ennemis qui s'étaient longtemps observer avec respect mais crainte. L'occasion fut faite de recroiser des compagnons de route en la présence de la Sarmate Astrithr. Des mois séparaient leur rencontre mais il n'avait pas oublié cette femme singulière. Il avait également retrouvé la picte dont la simple présence lui glaçait encore le sang et lui rappelait ses mésaventures dans les forêts du nord d'Albion.

Mais ce jour là, ce fut un autre visage qui reconnu alors même que l'homme s'approchait de lui. Corwyn ! Par tous les dieux, cela faisait une éternité qu'il n'avait pas croisé la route du haut conteur ! Un sourire s'était étiré sur le visage du prince d'Orcanie tandis qu'il restait assis sur le muret de pierre qui lui faisait office de siège. Il avait oublié depuis quand il était là à observer les hommes d'Arthur s'affairer à faire du château de Northampton un lieu de pouvoir pour les Pendragon. Ce jour là il n'avait d'ailleurs pas encore vu Arthur, sans doute était-il entrain de remuer ciel et terre pour faire face à la prise de Camelot, mais pour l'heure, il n'était pas encore temps de repartir en guerre. Si jusqu'à présent le plan pour prendre Cenred et son royaume avait été presque un jeu d'enfant, reprendre les Cornouailles à Morgane ne serait pas chose aisé.

- Mon ami ! s'exclama Gauvain. Comme tu peux le constater, je n'ai même pas une égratignure. Il faut dire que les pictes ne nous ont pas vraiment laissé notre chance de nous battre à la loyal.

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Pourtant il se souvenait encore de la mine déconfite de Cenred en voyant à qui il avait affaire. A ça, il ne pensait pas voir un jour le souverain faire cette tête...

- Quel bon ou mauvais vent t'amène par ici ? demanda-t-il avec intérêt.

Attaqué... oui c'était sans doute le bon mot. Une attaque brève, incisive, elle avait fait place nette sans vraiment donner sa chance aux défenseurs. Cela Gauvain n'avait pu que le constater une fois ses premiers pas fait dans la basse cour. Une véritable frappe chirurgicale. Il avait surtout vu le grand roi de la Mercie trembler autant que lui le jour où il avait joué le rôle de la proie en plein hiver, livré à lui même dans la forêt calédonienne. Il ne savait pas quel était la relation de Cenred avec les pictes, même elle devait être assez similaire à la sienne.

Toutefois, il ne manquait pas d'écouter son ami le haut conteur, même si pour une fois, c'était une toute autre histoire qu'il semblait lui conter là. Jusqu'à ce qu'un prénom lui tombe dans le creux de l'oreille. Aanor ? Une lueur d'inquiétude zébra le regard de l'ancien prince d'Orcanie. S'il pensait à la même personne que Corwyn évoquait, alors il avait toutes les raisons du monde de comprendre l'inquiétude de son ami.

- Aanor dis-tu ? Une jolie blonde que son père garde aussi chèrement qu'un trésor ? demanda Gauvain.

Si s'était bien elle, Gauvain avait passé bien assez de temps avec cette jeune personne pour savoir qu'elle était la bonté incarnée. Nul mal ne saurait lui être fait tant elle avait le cœur pur. Malheureusement il était tout aussi bien placé pour savoir que la guerre ne faisait pas grande différence entre le bien et le mal, elle se contentait de ravager les hommes de bien des façons et souvent les pire.

Or donc nos deux hommes avaient une connaissance en commun. Le monde était décidément bien petit. En d'autres circonstance Gauvain s'en serait peut-être amusé, mais le visage de son ami lui laissait à penser que l'heure n'était pas à l'humour. C'était sans doute la première fois qu'il voyait Corwyn aussi soucieux. Alors, le prince d'Orcanie s'approcha de lui et posa une main sur l'épaule du haut conteur pour le calmer .

- Tu as le droit d'être inquiète, d'avoir peur pour ceux qui te son proche, c'est ce qui fait de toi un homme, répondit le vagabond. C'est même ce qui fait de toi quelqu'un de saint d'esprit au regard du monde dans lequel nous vivons.

Certes, il ne connaissait pas vraiment les us et coutumes de cette guilde que formaient les Haut Conteur, mais on ne pouvait empêcher quelqu'un d'être en proie avec ses émotions. Parfois il était bien plus difficile de rester neutre et impartiale que de prendre les armes pour aller défendre ses idées. Gauvain ne le savait malheureusement que trop bien... Brièvement le souvenir de la mort de son petit frère zébra son esprit, lui impuissant à pouvoir le sauver du trépas. Une douleur encore vive malgré les années. Alors s'il pouvait aider à sauver la douce Aanor, il le ferait de bon cœur.

- L'avantage, c'est que tu auras sans doute la meilleure des places pour assister à toute cette tragédie dont seuls les souverains ont le secret.

Il allait s'en dire qu'il n'y avait que les têtes couronnées pour s'en aller partir en guerre pour ce genre de folie. Néanmoins, Uther n'avait pas porté le premier sang, c'était Cenred le premier a avoir menacé la paix. Pendragon ne faisait que penser à la sécurité de son peuple en tentant de frapper le mal à la source. Mais des forces bien plus hostiles convoitaient le trône dans les ombres et à présent c'était chose faite. Sans doute que personne n'aurait pu voir la chose venir. Aujourd'hui encore le prince Arthur pensait lui aussi au bien être de son peuple et du royaume, preuve en était que certains n'étaient pas aveuglé par la quête du pouvoir. Hélas, les ennemis n'étaient jamais loin.

A mesure de la conversation, il semblait à Gauvain que son ami allait un peu mieux. La situation n'était pas évident, mais il ne fallait pas se laisser aller aux sentiments maussades et à la peur. Cette dernière n'était jamais bonne conseillère, le prince d'Orcanie était le mieux placé pour le savoir. Un peu trop bien placé même... Mais le passé était le passé et c'était le présent qu'il fallait affronter à ce jour. Un sourire franc sur le visage, le combattant vagabond écoutait Corwyn s'esclaffer à sa remarque avant de lui répondre avec un brin d'humour. Puis enfin il lui demanda ce qu'il faisait ici, lui l'homme qui passait autant de temps sur les routes que dans les tavernes.

Gauvain se gratta derrière la tête, l'histoire était cocasse à n'en point douter. Il était aussi certain que le Haut Conteur ne le croirait pas. Mais enfin... Autant lui dire plutôt que de laisser quelqu'un d'autre conter cette malaventure. Car il allait s'en dire qu'il n'y avait que Gauvain pour se retrouver dans ce genre de situation.

- Ma foi, à l'origine ne je n'étais pas convié à l'assaut de la citadelle, répondit-il avant de poursuivre, comme toujours j'étais parti à l'aventure pour sillonner Albion lorsque je me suis fait compagnon d'une troupe de voyageurs. Hélas pour moi, il s'agissait en réalité de bandits, des bourses molles de la pire espèce. Après quelques parties de cartes ils n'ont plus apprécié ma compagnie et ont fini par me mettre en cage comme une pauvre bête. J'ai bien cru mon heure venue jusqu'à ce que Arthur, Merlin et leurs étranges compagnons n'attaquent le camp.

Gauvain ne fut pas tellement ravis de recroisé le chemin de la princesse picte, celle là même qui l'avait épargné quelques années plutôt au lieu de le passer à trépas. Mais il avait été soulagé de retrouver ses deux amis. Encore une fois, la mort ne s'était pas présenté à lui. A croire que le destin lui prévoyait autre chose...

- Depuis lors, j'ai fait route avec eux jusqu'ici et j'ai assisté à ce que l'on pourrait appelé une prise éclaire, dit-il. Certaines guerres peuvent durer des mois, voir des années, mais je ne soupçonnais pas qu'elle puisse se faire en une nuit. C'était tout bonnement... incroyable.

Corwyn avait raté quelque chose ce soir là, une chose aussi merveilleuse qu'effrayante. Il éprouvait encore quelques peurs envers les pictes, mais il se gardait bien de les partager, pas même à Merlin. Aussi passait-il parfois un peu plus de temps dehors de la citadelle qu'entre ses murs. Il se souvenait encore des cadavres dans la cour au moment où les pictes et les deux mercenaires engagés par Arthur avaient ouverte la porte principal qui donnait accès à la cour basse. Un massacre qui s'était quasiment passé sans un bruit, sans un cri.