Réveil hivernal [Pv Sterenn]

La nuit s'était trouvée paisible et douce. Sterenn s'était endormi avec à l'esprit sa journée passée. Helen avait appris de nouvelles techniques de broderie et n'avait pas rechigné à les faire. Quant à Aaron, il avait cru bon de venir fanfaronner auprès de sa mère et de sa sœur pour leur montrer ce qu'il avait appris à l'épée de par leur père. La dame de la cour avait assister à une énième dispute entre ses enfants avant d'y mettre un terme avec sévérité. Ils étaient parfois fatigants et agaçants. Aussi la nuit venue, elle avait retrouvé la quiétude de sa chambre sans plus ce soucier de la vie des autres. Au lendemain, l'esprit encore embrumé, elle était rester écouter les premières agitation du château. Pas dans le couloir, murmures entre serviteurs… Rien qui ne parvenait à lui faire quitter la tranquillité de son lit. Elle pensait à ces petites gens qui se levaient parfois avant l'aurore pour préparer aux mieux la journée de leurs maîtres. Parfois elle se demandait à quoi tenait leur loyauté. Après tout ils pouvaient bien choisir une autre vie que celle de servir ceux qui se trouvaient parfois être d'odieux monstres.

Depuis quelques temps déjà, elle avait pris une nouvelle dame de compagnie qui se nommait Freya. Une demoiselle délicate et attentive qui savait contenter Sterenn en toute occasion, cela malgré des débuts un peu difficile et maladroit. La blonde ne lui en avait pas tenu rigueur, la sachant nouvelle à Camelot et donc peu au fait des coutumes du château.
La porte de la chambre venait de s'ouvrir, laissant entrer la jeune femme à la chevelure brune. Il était temps pour la dame de quitter le lit, la lumière pénétrait dans la pièce à mesure que la servante ouvrait les épais rideaux qui obstruaient la vue. La dame s'étira une première fois, daignant enfin sortir les bras de sous les couvertures. Il faisait frais, un feu ne serait pas de trop. Sterenn avait toujours aimé la chaleur. Freya était d'ailleurs déjà entrain de lui choisir la robe qu'elle porterait ce jour, sélectionnant trois qui pourraient convenir pour la journée. Par chance, l'humeur lui était bonne ce jour et elle se sentait l'envie d'enfin quitter le lit, bien qu'elle l'aimait beaucoup. Voire peut-être plus que certaines personnes…

La tirant de sa torpeur, Freya lui adressa la parole pour lui souhaiter le bonjour. La blonde se contenta d'un sourire bienveillant. Il était rare de la trouver bien bavarde au réveil, même si elle était sans doute de celles qui avait la langue la mieux pendue à la cour. Une fois les pieds par terre elle attrapa un fruit de saison qui avait été porter pour son petit déjeuner. Notant ce que sa dame de compagnie lui avait rapporter. D'humeur badine, s'approcha de la jeune femme tout en regardant les robes qu'elle lui avait choisi. Sur son dos, elle ne portait rien de plus qu'une robe de nuit un peu épais et évasée pour la laisser libre de ces mouvements. Elle avait un peu froid aux pieds pas tant pis.

_ La verte peut-être… En espérant qu'Yseut ne choisisse pas la même couleur, dit-elle en se rappelait que la dame avait une faucheuse tendance à vouloir l'imiter.

Sterenn était une femme attentive plus que de raison, chose qui lui était fort utile pour ces guerres de pouvoir à l'intérieur même des murs du château de Camelot. Chose qui en vérité l'ennuyait beaucoup, mais dès son arrivée à la cour, on lui avait fait comprendre que les gens ne reculaient devant rien pour avoir un peu de pouvoir. Et que si elle n'agissait pas bien rapidement, elle serait noyée, oubliée, jetée plus bas que terre pour servir d'amusement à la noblesse qui vivait ici bas. Aujourd'hui, mariée à un chevalier du roi, avec deux beaux enfants pour assurez sa descendance, Sterenn avait fait beaucoup de chemin et était parvenue à une place de choix parmi les sujets de la cour. La dame ne se privait pas de connaître tous les petits secrets des seigneurs et de leurs femmes, usant avec malice du savoir qu'elle avait amassé avec le temps.

_ Tu as raison, et puis un accident est si vite arrivé à cause de la maladresse des gens, disait Sterenn avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres.

Il allait s'en dire qu'il était toujours un peu divertissant quand même de provoquer quelques embêtements à quelqu'un que l'on ne portait pas dans son cœur. Quant au fait de savoir qu'Yseut n'était pas apprécier par le petit personnel de la citadelle, Sterenn était parfaitement au courant mais c'était toujours un plaisir de l'entendre dire. De nouveau elle picora le repas que Freya lui avait apporté, épiant légèrement par la fenêtre de sa chambre qui donnait sur la cour.

_ Tu as entendu autre chose depuis hier soir ? Des gens ont quitté le château dès ce matin ? Demandait-elle, curieuse de connaître les premiers détails de la journée alors qu'il lui fallait déjà penser s'habiller.

La dame se glissa derrière le paravent de sa chambre, troquant le vêtement de nuit pour une première couche de tissu qui lui glissait contre la peau. Sterenn était aujourd'hui plus curieuse de savoir ce qui se passait ça et là que de savoir s'il y avait de réels complots à la cour. On lui avait raconté qu'au delà des frontières du royaume, les Cornouailles effrayaient de par seulement leur alliance avec la Calédonie. Outre ce détail, Uther continuait de passer pour un homme dont il fallait se méfier sans pour autant le considérer comme une menace sérieuse. C'était ennuyeux de résider en un royaume où l'on était pas pris au sérieux…

Le sourire de Sterenn s'étirait finement sur ses lèvres en écoutant la réponse de sa servante. Son cousin donc. Seuls les dieux savaient où diable ce bougre pouvait parfois disparaître. Lui avait-il dit quelque chose ? Sans doute était-il aller courir la friponne ou boire à la taverne. Qu'importe, la dame de la cour s'amusait déjà à imaginer le faciès embrumer d'Erwan après une nuit peut-être aventureuse ou non. Son époux lui donnait généralement bien moins de surprise, il n'était pas homme à la surprendre tant qu'il était somme tout assez prévisible à son goût. Enfin, elle ne le détestait point, ce qui n'était pas le cas de toutes les épouses de ce château. La dame s'était toujours senti chanceuse.

- Tu trouves ? Il me paraît parfois être un rustre sans manière, répondit-elle toujours avec un certain humour, sans dire si elle le pensait ou non. On choisit ses amis, nullement sa famille.

C'était bien là une vérité, on ne pouvait renier les liens du sang tant ils étaient le fruit d'un destin que l'on ne pouvait contrôler. Sterenn l'avait appris à ses dépends, aussi avait-elle toujours pris grand soin à bien s'entourer pour ce qui était de l'amitié. Ainsi n'était-elle point déçue de compter Freya parmi les personnes en qui il lui semblait qu'elle pouvait faire confiance. En ayant appris à la connaître, la dame aurait eu grand peine à la savoir au service d'une autre.

- N'hésite pas à me dire si parfois il est un peu trop taquin envers toi, j'ai grand plaisir à lui taper sur les doigts, ajouta-t-elle.

Il était vrai qu'entre ces deux là, il existait un sport qui consistait à envoyer des piques à l'autre, des traits d'esprits dont eux seuls avaient le secret. Un exercice verbale qui se transformait parfois en joute tant ils avaient plaisir à jouer avec le langage. Sterenn finissait d'enfiler la robe avant de sortir de derrière le paravent pour que Freya l'aide à lacer le dos.

La chevelure blonde ramené sur son épaule tandis que Freya aidait au laçage de la robe, Sterenn observait le vide devant elle tandis que sa servante lui répondait. Elle en profitait pour passer les doigts et jouer avec quelques mèches de ses cheveux comme elle avait l'habitude de faire avec Helen lorsque celle-ci commençait à tomber de sommeil. C'était assez curieux de parler de son cousin avec une dame de compagnie, habituellement elle entendait davantage de bruits de couloir. Les gens aimaient à répondre les rumeurs et raconter les dernières anecdotes qui sillonnait la cour. Ce n'était pas toujours intéressant, mais cela était une occupation comme une autre. Alors discuter clairement avec quelqu'un de quelque chose de concret... C'était assez plaisant, il n'y avait pas de risque de déformer la conversation. Sterenn avait horreur que les gens déformes les rumeurs, à croire qu'ils étaient incapables d'écouter les autres autant que de raconter. Il n'y avait rien de pire qu'un mauvais conteur. Au moins elle était sûr que Freya était une oreille attentive.

- Oh oui, c'est une habitude entre lui et moi, répondit-elle avec un léger sourire au bord des lèvres. Depuis que nous somme enfants nous aimons à entretenir une certaine rivalité. Il y a quelque chose de très... Stimulant. Cela a au moins l'avantage de travailler le sens de la répartie.

Il n'était pas donné à tout le monde de pouvoir donner le change, tout le monde n'appréciait pas recevoir des piques sans en connaître les sous-entendu. A dire vrai, peu de gens savaient jouer avec l'humour et les mots. Les gens d'ici prenaient les choses bien trop à cœur. Tentez de jouer de leur réputation et ils vous répondraient pas des noms d'oiseaux. Et les demoiselles... Il était préférable de ne pas leur adresser la parole sinon elles prenaient ombrages. De ce fait, Sterenn ne leur parlait que très peu et se montrait volontairement hautaine à leur encontre. Quitte à les vexer, autant le faire clairement que par maladresse. Là, elle se tourna vers Freya pour l'observer un court instant.

- Il faut dire que j'ai beaucoup de chance de t'avoir, peut-être y a-t-il un véritable brin de jalousie, dit-elle, mais nous ne le saurons peut-être jamais... Tu connais la fierté masculine.

Les hommes ne reconnaissaient que peu leur faiblesse et encore moins leur jalousie, même si Andrev était de ceux qui la cachait le moins. Alors même qui se permettait de batifoler avec la première venue pourvu qu'elle sache écarter les cuisses. Sterenn n'en prenait jamais ombrage pour la simple et bonne raison qu'elles n'étaient pas elle et qu'elle portait à son mari bien peu d'affection. Aussi, souvent elle ne se privait pas pour pénétrer dans la chambre de son époux pendant un jeu de jambes. Dans ces moments là elle prenait un air suffisant en découvrant le visage horrifié de la jeune femme qui se trouvait dans les draps. C'était son jeu à elle.